Plus connu en tant que philosophe, Blaise Pascal fut aussi un mathématicien français renommé au XVIIe siècle. Alors que son père se voit offrir le poste de surintendant (i.e. percepteur des impôts), le jeune homme cherche à l’aider en créant une machine capable de calculer à sa place. A partir de 1640, il met en place différents prototypes et finit par inventer la première calculatrice mécanique fonctionnelle de l’histoire. Cette machine pouvait réaliser des opérations arithmétiques telles que des additions, des soustractions et même des multiplications grâce à une idée innovante de son concepteur.
L’invention de la pascaline : un premier pas vers l’automatisation des tâches
La pascaline est composée de cinq cadrans. Chaque cadran peut faire défiler un chiffre entre zéro et neuf. Elle est ainsi capable d’afficher un nombre entre 0 et 99 999. Pour réaliser les opérations arithmétiques, chaque cadran est commandé par une roue qu’il suffit de tourner pour faire défiler les chiffres. Ce qui est novateur avec la pascaline, c’est le reporteur ; un système de sautoir qui permet de reporter les unités aux dizaines, les dizaines aux centaines et ainsi de suite.
Pour additionner 9 à 5 par exemple, il faut d’abord afficher le nombre de départ, neuf. Puis on fait à nouveau tourner la roue des unités pour rajouter cinq. Lorsque le cadran passe par 9 pour atteindre le 4 du résultat final, la machine ajoute automatiquement une dizaine sur le cadran d’à côté grâce à ce système de bascule.
Avec le reporteur, la pascaline intègre dans son mécanisme un automatisme offrant la capacité de réaliser une tâche à la place d’un humain, celle de pouvoir réaliser des opérations mathématiques sans aucune compétence en la matière. Elle fait en sorte de limiter les erreurs humaines, de diminuer le temps de travail et de faciliter le travail de son utilisateur. C’est peut-être ce qui donnera matière à réflexion à Pascale lorsqu’il se penchera sur l’un de ses concepts majeurs, le divertissement.
Les tâches répétitives : l’aliénation de l’homme
Dans le contexte du XVIIe siècle, le divertissement ne correspond pas aux loisirs par opposition au labeur comme à notre époque.
Il provient de divertere qui signifie « se détourner de ». Le divertissement selon Pascal correspond à toutes les activités qui nous détournent des problèmes qui constituent la tragédie de nos existences et qui se rapportent au fait que l’homme soit un être mortel. Bien que ces problématiques soient essentielles pour Pascale, il constate paradoxalement que si les humains ne réfléchissaient qu’à leur misère, ils perdraient rapidement goût à la vie. Le divertissement offre l’opportunité à l’homme de fuir sa condition et cette désolation sous-jacente, même si cela n’est pas raisonnable. Pascale ne condamne donc pas totalement le divertissement puisqu’il permet d’accepter notre condition mortelle.
Mais quel est le rapport avec la pascaline ? Une tâche qui occupe toute l’attention du cerveau est enrichissante et on pourrait même dire divertissante. Mais une tâche maîtrisée, qui est devenue répétitive, monotone, plonge nécessairement le cerveau dans l’ennui. C’est ce qui ouvre la porte aux pensées négatives. Les tâches répétitives sont dès lors jugées comme une aliénation de l’homme, en cela qu’elles limitent tout son potentiel de réflexion, de compétences et d’épanouissement. Mais la pascaline a justement ouvert une nouvelle façon de travailler en déléguant ces tâches à des automates.
La RPA : vers un travail plus humain
"C’est l’avènement de l’automatisation qui, en quelques décennies probablement, videra les usines et libérera l’humanité de son fardeau le plus ancien et le plus naturel, le fardeau du travail, l’asservissement à la nécessité."
Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, 1958
Ce que la pascaline était pour les calculs arithmétiques, la RPA (Robotic Process Automation) l’est désormais pour un large éventail d’activités considérées comme lassantes et fastidieuses. L’automatisation sert à déléguer ces tâches à des machines dédiées à ces actions. A la différence des humains, elles les effectuent mieux, plus rapidement et en continu. Les bénéfices sont alors nombreux. Les travailleurs sont davantage mobilisés sur des tâches intéressantes et épanouissantes qui contribuent à leur satisfaction. Ils peuvent développer des compétences qualitatives qui ne sauraient être imitées par des machines en apportant de fait une vraie valeur ajoutée. Ils gagnent du temps pour se concentrer sur d’autres activités les rendant alors plus productifs.
La RPA laisse ainsi la place aux talents dans le monde du travail car sur les tâches aliénantes, un humain n’a pas plus de valeur qu’une machine pouvant obtenir le même résultat. En revanche, là où les capacités de la machine s’arrêtent, l’humain possède cette valeur rare et précieuse que les entreprises d’aujourd’hui ont tout intérêt à développer.
A l’heure où les processus automatiques ont envahi l’espace de travail, en affranchissant par la même occasion l’homme des tâches élémentaires qui l’automatisaient, de cette nécessité qu’expose Arendt ; et si la RPA nous rendait finalement plus humains en nous accordant plus de valeur ? Ce qui est certain, c’est qu’elle offre une dimension plus éthique du travail et lui redonne du sens en délestant les humains des tâches considérées comme pénibles.
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Sources : StoryShaper, Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, 1958